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Société des Amis des Arts et du Musée de La Cour d'Or
11 octobre 2016

Henri Legendre (1898-1978) : les ambitions messines d'un sculpteur statuaire, médailliste mosellan

 

Henri Legendre
(1898 Tritteling-1978 Paris)

Les ambitions messines d’un sculpteur statuaire, médailliste mosellan

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Christiane Pignon-Feller

  

L a curiosité du promeneur du boulevard Poincaré à Metz ne peut manquer d’être piquée par l’insolite statue en bronze d’un effronté lanceur de cailloux, tout nu, que le sculpteur a signée H.N. Legendre.

 

le lanceur

Le petit jeteur de pierre bronze, signé, [1930 Promenade Poincaré, Metz

© Lauriane Kieffer, Musée de La Cour d’Or. Metz Métropole

 

Henri-Nicolas Legendre est né en 1898, à Tritteling en Lorraine annexée. Sa formation artistique, longue et chaotique, interrompue par la guerre, se termina à l’École des beaux-arts de Paris où, de 1923 à 1929, il collectionna médailles et récompenses. Logé à « La Ruche », célèbre vivier artistique cosmopolite de Montparnasse, il fut primé au salon des artistes français de 1928 pour une statue intitulée Le petit jeteur de pierre. Un mécène messin s’éprit de l’œuvre, l’acheta, la fit couler en bronze et l’offrit à la ville « pour servir à l’ornement de ses promenades ».

C’est ainsi que Legendre, tout parisien qu’il fût, agrémenta de ses œuvres, pendant une dizaine d’années, la ville de Metz. Soutenu par le conservateur du musée Roger Clément, il obtint de nombreuses commandes : le relief qui orne l’entrée du collège Rabelais au Sablon, le relief représentant L’ancien Moyen-Pont au Moyen-Pont, le bas-relief, la Chance dans l’ancienne caisse d’épargne. Pour se libérer d’un prêt d’honneur, accordé par le conseil général, Legendre offrit à Metz le plâtre de La jeune fille à la colombe (médaille d’or au Salon de 1934), à charge pour la Ville de la faire fondre. En 1938 enfin, Legendre modela, sur commande de l’État, une Petite Lorraine offrant des fleurs qui suscita un bel enthousiasme.

Au salon du Groupement des artistes mosellans il exposa des œuvres conçues lors de voyages en A.O.F., en Grèce, en Italie et dans les Antilles. Passant avec aisance de la monumentalité à la miniaturisation, il fit également fondre, pour le Conseil général, des plaquettes destinées à récompenser des exploits sportifs, des plaquettes et des médailles en souvenir de l’inauguration du CAMIFEMO (1934).

Acharné à vouloir laisser son empreinte à Metz, il fit à la Ville des propositions qui ne furent malheureusement pas suivies d’effets. Ainsi, le monument aux morts et le monument à Paul Vautrin lui échappèrent au bénéfice de Paul Niclausse ; une statue du potier gallo-romain Satto resta à l’état d’ébauche
et son idée incongrue de remplacer le
Feldgraue abattu par une monumentale statue d’Indigène, réalisée après son retour d’A.O.F., fut rejetée. Cette fébrile activité messine n’empêcha pas l’artiste de participer aux grandes expositions internationales de 1935 à Bruxelles et de 1937 à Paris.

 

Colombe

La jeune fille à la colombe bronze, cire perdue, Susse fondeurs Paris signé, [1935].

Cloître des Récollets, Metz. © Lauriane Kieffer, Musée de La Cour d’Or. Metz Métropole

 

Lorsque, en 1946, il récupéra l’Indigène qu’il avait laissé en dépôt au musée de la Porte des Allemands, il accusa la Ville de n’avoir pas su protéger son « chef-d’œuvre » sous l’occupation. Cet injuste et vindicatif procès d’intention coupa définitivement ses relations avec Metz. La rupture n’empêcha pas l’artiste, si représentatif de l’art antiquisant et africaniste de l’entre-deux-guerres, d’obtenir d’autres commandes. L’État ayant notamment acquis la statue de la petite Lorraine offrant des fleurs, Legendre la fit couler en bronze et patiner à l’or ; en 1953 le F.N.A.C. en fit dépôt, hélas !... à une commune normande.

On voit également des œuvres messines et post-messines de Legendre à Versailles, où il fut professeur, au Musée de Barentin et dans le Musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt.

 

Cet article est extrait de la revue Chancels 

éditée par la Société des Amis des Arts et du Musée de la Cour d'Or

 

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Société des Amis des Arts et du Musée de La Cour d'Or
  • La Société est destinée à promouvoir le Musée de La Cour d'Or à Metz, à favoriser l'enrichissement de ses collections et à encourager les artistes lotharingiens par l'attribution d'un prix, la diffusion de leurs oeuvres et l'édition d'une revue "Chancels".
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